Le préfet de la Momo méconnaît un appel de détresse lancé par lui et qui fait état de la prise de l’arrondissement de Njikwa par les sécessionnistes.
Un bulletin de renseignement adressé par le préfet de la Momo au gouverneur de la région du Nord-Ouest, mercredi 06 juillet dernier, a fait le tour des réseaux sociaux le même jour. Le document renseigne que l’arrondissement de Njikwa, l’un des cinq que compte ce département, est sous le contrôle des sécessionnistes, qui y ont mené des attaques successives ayant conduit à l’épuisement des stocks de munitions des éléments des forces de défense et de sécurité déployés dans l’unité administrative. La même note, qui est un véritable appel de détresse, révèle que lesdits éléments manquaient de ration alimentaire depuis plusieurs jours et que, dans la journée du mardi 05 juin, quatre d’entre eux « ont quitté les lieux ».
Ceux-ci ont été rejoints dans la journée du 06 juin par 13 de leurs camarades d’armes après de nouvelles attaques dans la matinée. Dans le même message porté, le préfet Monono Absalom Woloa sollicite la descente urgente des forces spéciales pour reprendre l’unité administrative où il n’y a plus aucune autorité. Tout en relevant que les sécessionnistes visent désormais l’arrondissement voisin de Ngie « au cours des prochaines heures », le patron du département souligne la nécessité de la création d’une base militaire dans la ville de Mbengwi « pour faciliter l’intervention rapide sur l’ensemble du département » et la dotation des autorités administratives locales de matériel de communication de type Thuraya pour rétablir la communication avec l’unité administrative (Njikwa) coupée du réseau.
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Une vigoureuse contre-attaque du chef de la division de la communication au ministère de la Défense, le colonel Didier Badjeck, hier jeudi 07 juin, qui vient semer le trouble dans les esprits :
« Après des vérifications méticuleuses des informations provenant des plus hautes autorités de la région, cette information est finalement un ‘’fake news’’. Le département de la Momo, et particulièrement la ville de Njikwa, sont sous le contrôle de nos forces. Les relèves sont en cours et le haut commandement a donné des moyens appropriés et conséquents pour que les hommes effectuent leurs missions avec succès et sérénité ». Dans un communiqué de presse signé plus tard dans la journée, le préfet de la Momo méconnaît l’appel de détresse de la veille et soutient que « ladite information est dénuée de tout fondement et relève de la pure désinformation ». « L’unité administrative en question n’a jamais fait l’objet d’une quelconque occupation » et « les éléments de l’armée qui y sont en mission défendent cette portion du territoire avec honneur et fidélité, et reçoivent par conséquent régulièrement la logistique nécessaire pour accomplir efficacement la mission qui leur est assignée par la haute hiérarchie », écrit Mo nono Absalom Woloa.
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Bien que les sécessionnistes eux-mêmes n’ont pas revendiqué la prise de Njikwa, il est difficile de ne pas soupçonner que le préfet de la Momo ait été obligé de rédiger ce démenti au regard de la gravité de la situation décrite dans le message adressé au gou- verneur, et qui s’inscrit sur le droit fil de la politique de l’actuel ministre de l’Administration territoriale. Il faut rappeler que dès son arrivée à la tête du susdit ministère, le 02 mars dernier, Paul Atanga Nji a instruit les préfets d’adresser deux bulletins quotidiens aux gouverneurs, dans lesquels ils décrivent la situation sécuritaire dans leurs unités administratives respectives.